L'histoire de l'oeil du taureau



Dans l’œil du taureau

« Nichée sur les contreforts de la magnifique chaîne de montagnes de l’Himalaya, près d'un petit village appelé Nadi, se trouve la plus belle école fréquentée par des enfants du monde entier. L'école privée internationale ‘Sahaja’ est entourée d'une forêt dense et de montagnes enneigées, dont certaines sont séparées par des falaises spectaculaires et des torrents rapides. C’est donc sans surprise que la vie étudiante est remplie d'aventures magiques. L'histoire suivante n'en est qu'un petit exemple.

Un dimanche matin parfait d'octobre, un groupe de 20 élèves de la classe 7 partit en excursion près d’une rivière voisine appelée Baal. Ils étaient dirigés par une professeure d'histoire à la voix douce appelée mademoiselle Madhou et d’un professeur de géographie à l’air sévère appelé monsieur Arun.
La promenade jusqu'à la rivière était toujours magnifique. L'excursion avait commencé ce matin-là avec des élèves débordant d’énergie en passant les portes de l'école, qui bavardaient et riaient de bon cœur.

Au départ, ils traversèrent les sentiers pavés d'un village alors que les chèvres, les buffles et les vaches les regardaient passer de leurs grands yeux doux. Les rayons du soleil réchauffaient leur dos pendant qu’ils marchaient et les grands cèdres déodars se balançaient doucement au rythme de la brise fraîche de l'Himalaya.
Au fur et à mesure qu'ils marchaient, la vue du village avait laissé place à la nature sauvage et rocheuse des montagnes. Mademoiselle Madhou ouvrait la voie. Elle leur conseilla: "S'il vous plaît, suivez-moi en file indienne afin de ne pas vous perdre ni rester à la traîne." Monsieur Arun marchait en queue, essayant de surveiller les élèves devant lui.
Ils se frayèrent un chemin sur le sentier de terre accidenté qui rétrécissait et serpentait autour de la montagne géante, qui elle-même descendait brusquement jusqu'à la rivière en contrebas. Deux des filles, d'humeur friponne, se mirent derrière la ligne de marche, gloussant et riant d’un rien.
"Pragya! Shanti!" Monsieur Arun les réprimanda à plusieurs reprises. "Arrêtez d'être si enfantines et accélérez le rythme!" Mais on ne pouvait pas les dissuader si facilement de faire des bêtises. Monsieur Arun continua de leur lancer des regards désapprobateurs et grommela fréquemment, mais sans résultat.
Le groupe atteignit la rivière sans encombre. Là, les enfants jouèrent à s’éclabousser avec l'eau glacée de la montagne et profitèrent d'un délicieux pique-nique. Au moment où les enseignants commencèrent à préparer les enfants pour le voyage de retour, plusieurs heures s'étaient écoulées et il était près de quatre heures de l'après-midi; les nuages commençaient à recouvrir le soleil, laissant passer un air froid dans la brise.
Pragya et Shanti aimaient être dans les montagnes et ne pouvaient toujours pas contenir leur vive émotion. À douze ans, elles se sentaient suffisamment grandes pour explorer par elles-mêmes les alentours et ne voulaient certainement pas être constamment réprimandées par Monsieur Arun depuis la queue de file.
Alors que le groupe commençait à remonter le chemin, les filles élaborèrent secrètement ce qu'elles pensaient être un plan brillant. Cette fois, au lieu de rester à la traîne, Pragya et Shanti accélérèrent pour se retrouver en tête de file, loin des yeux vigilants de monsieur Arun et juste derrière la trop confiante mademoiselle Madhou. Puis, alors que le bruit et le chaos des enfants s'intensifiaient, elles quittèrent discrètement le sentier et gravirent la pente raide de la montagne, pour finir par se cacher dans un endroit couvert d'épais buissons et d'arbres. Les filles restèrent cachées jusqu'à ce que tout le groupe, y compris monsieur Arun, eut disparu dans le virage de la montagne. Comme elles rirent de leur habileté à avoir déjoué leurs professeurs! Sautillant comme des cabris, elles étaient enfin libres de se lancer dans n'importe quelle aventure. Elles avancèrent à grands pas et firent semblant de faire face à un ennemi invisible tout en imitant les courageux héros du ‘Seigneur des anneaux’. Soudain, un bruit étrange attira l’attention de Shanti, qui se retourna rapidement avec agitation: "As-tu entendu ce grognement?" Sa voix tremblait. "Non, ce doit être ton imagination", supposa Pragya.
À ce moment-là, les filles étaient retournées sur le chemin d’où elles pouvaient voir la longue file d'enfants marcher avec monsieur Arun, à une certaine distance plus en avant.
"Grrr! Meuh! " Le bruit semblait venir du côté du groupe. Soudain, elles virent quelque chose de très gros courir rapidement vers le groupe. Mademoiselle Madhou et monsieur Arun écartèrent les enfants juste à temps pour l'éviter: c’était un gros taureau très en colère!
Le taureau dépassa le groupe et continua sur le chemin vers les filles, qui se mirent à paniquer. Elles cherchèrent un arbre à proximité pour pouvoir y grimper. Les branches étaient trop hautes, même sur les doigts de pieds. Le temps sembla ralentir alors qu'elles cherchaient d'autres échappatoires éventuelles. Pragya se précipita du côté de la falaise, regardant par-dessus le bord. Elle songea à se glisser sous les barbelés quelques mètres plus bas, pour s'éloigner du chemin. Mais le sol était trop glissant et dévaler la pente raide aurait été plus dangereux que d'affronter ce taureau. Shanti repéra juste à temps une grotte peu profonde sur le flanc de la montagne. Elle s’écria tout en courant: "Viens ici, Pragya, vite!"
Les filles se serraient étroitement contre les parois de la grotte, crapahutant pour trouver une prise pour leurs mains et un appui pour leurs pieds. "Il est probablement inoffensif, tout comme ces vaches que nous avons croisées dans le village", déclara Pragya de manière peu convaincante alors qu'elle tentait de rassurer Shanti tout autant qu'elle-même. Pragya, qui courait vite, suggéra: "Pourquoi ne pas courir?" Mais Shanti avait vu à quelle vitesse le taureau courait et estimait avoir peu de chances de le dépasser. "Tu sais que je ne peux pas courir aussi vite... en plus j'ai un sac à dos rouge!" chuchota-t-elle. Shanti s'imaginait courir avec le taureau sur sa piste: ce sac à dos rouge, comme un gros œil de bœuf collé sur son dos, l'aurait encore plus enragé. Et avec cette image en tête, elle abandonna complètement toute autre idée de se sauver. Les filles se blottirent encore plus près l’une de l’autre, épaule contre épaule, alors que la situation empirait.
Le taureau se retourna et pointa ses cornes acérées dans leur direction, se rapprochant un peu plus - il devait être à un mètre maintenant et elles pouvaient voir ses narines dilatées et ses grands yeux en colère qui les fixaient. La grotte peu profonde offrait peu de protection contre le taureau déterminé. "C'est le taureau le plus méchant que j'ai jamais vu!", s'exclama Pragya, horrifiée. < br /> Les filles ne comprenaient pas pourquoi le taureau était là, alors qu'elles ne l'avaient même pas provoqué. Leur imagination s’emballa avec des images cauchemardesques de taureaux espagnols chargeant les gens. Elles ne purent éviter de jeter à nouveau un coup d’œil aux cornes très pointues du taureau. Elles restèrent immobiles; difficile de s'agripper fermement à de la terre meuble, aux rochers et aux racines des arbres pour éviter de glisser ou de tomber lentement aux pieds du taureau. L'idée d'être piétinées ou même frappées par ce taureau était aussi désagréable que celle d'être embrochées par ses cornes acérées. Elles commencèrent à murmurer des prières sincères. "Jai Shri Mataji! Nous promettons d'être gentilles, Shri Mataji. S'il vous plaît, Shri Mataji, nous serons obéissantes et écouterons nos professeurs, la prochaine fois." "Tout ira bien, assura Pragya, il ne fait que nous regarder, il ne se passera rien." Mais immédiatement après avoir dit cela, le taureau leva la patte avant et se mit à gratter le sol, créant ainsi un nuage de poussière en forme de champignon.
Ses yeux méchants semblaient transpercer leurs petites âmes. "Vraiment, crissa la voix de Shanti. Parce que pour moi, on dirait qu'il se prépare à charger." S'ensuivirent des appels désespérés à Shri Mataji, venant du fond du cœur. Alors, quelque chose se produisit. Le taureau s'arrêta. Et apparemment sans raison, il se retourna simplement et descendit rapidement plus loin sur le chemin...
Soulagées au-delà de toute mesure, les filles desserrèrent leur poigne du mur effrité de la grotte, les mains moites de sueur, et se laissèrent glisser sur le sol. Les jambes tremblantes, elles remercièrent Shri Mataji de les avoir sauvées. Les mains pressées contre leur cœur, comme pour apaiser les coups, elles coururent rapidement vers monsieur Arun qui maintenant se dirigeait vers elles, furieux. Il avait dû voir le taureau s'arrêter et réaliser que les filles manquaient à l'appel. Lorsqu’elles rejoignirent monsieur Arun, il les réprimanda et les menaça d'envoyer un rapport au directeur de l'école pour s'être faufilées comme ça. Mais, malgré toute la colère de monsieur Arun, les filles souriaient et se sentirent réconfortées par ses paroles.
Elles avaient toutes deux appris une leçon importante: ne plus jamais ignorer les bons conseils de leurs aînés et de leurs professeurs. Peut-être que le taureau était apparu précisément dans ce but - nous ne le saurons jamais avec certitude. Cependant, nous savons que Pragya et Shanti n'ont jamais oublié la leçon qu'elles apprirent ce jour-là. »

L'histoire est écrite par Shanti Ghosh et Pragya Pradhan, illustrée par Shanti Ghosh, racontée par Pragya Pradhan, vidéo de Sona Agarwal.
Publié par dictionnaire sahaja yoga

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