Le pardon selon Victor Hugo
« Tout souffle qui frémit, flotte, serpente, glisse Et passe, il le subit, et le pardon est dû A ce haillon vivant dans les cieux éperdu . Hommes, pardonnez-vous. O mes frères, vous êtes Dans le vent, dans le gouffre obscur, dans les tempêtes ; Pardonnez-vous. Les cœurs saignent, les ans sont courts ; Ah ! donnez-vous les uns aux autres ce secours ! Oui, même quand j’ai fait le mal, quand je trébuche Et tombe, l’ombre étant la cause de l’embûche, La nuit faisant l’erreur, l’hiver faisant le froid, Être absous, pardonné, plaint, aimé, c’est mon droit. Un jour, je vis passer une femme inconnue. Cette femme semblait descendre de la nue ; Elle avait sur le dos des ailes, et du miel Sur sa bouche entr’ouverte, et dans ses yeux le ciel. A des voyageurs las, à des errants sans nombre, Elle montrait du doigt une route dans l’ombre, Et semblait dire : On peut se tromper de chemin. Son regard faisait grâce à tout le genre humain ; Elle était radieuse et douce ; et, derrière elle, Des monstres at...