Cornélia, la mère de Shri Mataji

« En mai 1961, je me présentai aux avant dernières épreuves pour l'obtention du diplôme d’expert-comptable (group 2), mais cette fois-ci j’allais au centre d’examen de Pune, car tous mes amis avaient l'habitude de s'y rendre pour passer leurs tests. Cette ville était alors très belle et très propre, juste avant la rupture du barrage de Panshet près du village de Khadakwasla, qui anéantit pratiquement la moitié de la cité. En décembre 1961, trois de mes sœurs, accompagnées de Kalpana et de Sadhana, vinrent passer Noël avec moi. Comme je n’avais qu’une seule pièce à partager avec elles, j’avais attribué trois coins de la pièce à mes trois sœurs, le quatrième à Kalpana et Sadhana, et moi je dormais au centre de la salle. Nous passâmes un Noël fort à l'étroit, mais plein de joie. Après les fêtes, quand tout le monde fut parti, au lieu de raccompagner Shashi et Indu à Calcutta, je rentrai précipitamment à Nagpur pour préparer l’examen final d’expert-comptable. Mon plan de travail était le suivant: après un léger dîner, étudier de 20 heures à 4 heures du matin, les heures les plus tranquilles de la nuit pour pouvoir étudier sans être dérangé.

Une nuit, alors que j’étais absorbé dans mes révisions, je vis que ma mère se tenait dans l’embrasure de la porte de ma chambre. Je regardai ma montre qui indiquait 2 heures trente du matin. Je fus très surpris de la trouver debout à une heure si tardive. Présumant qu’elle avait besoin de moi pour quelque chose, je lui demandai si elle désirait quelque chose. Elle me sourit et dit qu’elle ne voulait rien, mais tenait à me dire combien elle était impressionnée du sérieux que je mettais dans mes études, et que je deviendrai célèbre dans le monde entier. Je crus d’abord qu’elle était à moitié endormie et sans doute en train de rêver. Je lui dis qu’elle devrait se recoucher car quoi qu’elle eût à me dire, cela pouvait attendre le lendemain matin. Cependant, elle persista en me disant qu‘elle devait me parler tout de suite et non le jour suivant. Je la persuadai d’aller dormir, mais quand je fus de nouveau seul, je réfléchis d’autant plus à ses paroles, que ma mère avait pour règle de ne jamais complimenter un de ses enfants.

Pour elle, lui faire un compliment revenait à le corrompre au-delà de la rédemption. 

Et j’étais stupéfait, ou plutôt abasourdi de l’entendre me féliciter.

Pensant qu’elle parlait d'un rêve et ne pensait pas vraiment ce qu'elle disait, j’oubliai complètement sa remarque. Plusieurs années plus tard, j’en parlai à Shri Mataji. Elle me dit que notre mère fut appelée Cornélia, du nom de la fameuse reine qui engendra comme elle sept enfants, et dont deux devinrent célèbres. Shri Mataji me dit que la deuxième personne à être célèbre c'était moi, puisque je suis devenu connu mondialement.

J’avais séjourné dans une annexe de la maison de mon frère N.K.P. qui comportait deux pièces. Une chambre était destinée à ma mère, l’autre était pour moi. Comme je restais travailler tard au bureau, sortir ou fréquenter des amis n'était pas dans mes possibilités. Le café qui se trouvait à une faible distance de chez moi, devenait, dès le soir venu, le lieu de rassemblement de tous mes amis. Je me sentais très frustré de ne pas pouvoir les y rejoindre, et lorsque je les rencontrais, je leur faisais une scène, leur disant qu’ils gaspillaient leur temps au lieu de se construire une carrière, comme moi!
Résultat, certains amis commencèrent à venir étudier chez moi. Même s’ils se destinaient à différentes professions ou poursuivaient diverses études universitaires, un point commun nous rassemblait : c'était la tasse de thé partagée dans la nuit. Chaque ami se voyait attribuer une responsabilité dans la préparation du breuvage. L’un devait laver les tasses et les soucoupes, l’autre devait allumer le poêle, le troisième faire bouillir l’eau. Mon job consistait à faire le mélange final du thé au lait.
Nous vécûmes ainsi des moments de joie partagée, et depuis lors, à chaque rencontre, nous évoquons avec nostalgie ce thé de minuit. »
Babamama, Mes mémoires, chapitre 6, Life Eternal trust, 2000
Peinture de Anneli Shorter
Publié par dictionnaire sahaja yoga

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