Conscience ou perception?


« Maintenant, en tant que Sahaja Yogis, nous devons savoir quelle est la différence entre la conscience à cette époque-là et la perception de nos jours. À cette époque, il était nécessaire de tuer ces démons, de les achever, mais ils sont de retour sur la scène.
Or, en ce moment, alors que c'est le Kali Yuga, ils sont exposés, ils sont condamnés, ils sont mis en prison et ils sont maintenant punis publiquement. Donc, la perception collective a remporté une très grande victoire, je pense, sur ces gens qui sont venus si nombreux, ont tués et sont morts sans avoir jamais été punis, sans avoir jamais été accusés.

Voyons maintenant ce qu'est la conscience (consciousness) et ce qu'est la perception (awareness).

C'est un sujet subtil, que je pense, vous pouvez tous comprendre. La conscience c’est que, vous devenez conscients lorsqu’on vous rend conscients. Par exemple, j’ai une main ici, d’accord? Mais normalement, je ne suis pas consciente d’avoir une main. Si un homme dort, il n'est pas conscient de dormir. Quand on me dit: "Vous avez une main." J’en deviens consciente, ou si quelque chose me pique, alors j’en deviens consciente. Sinon, j’en suis inconsciente. Je suis absolument inconsciente de mes yeux. Je vois tout, mais à supposer que je devienne aveugle, que je ne puisse pas voir, alors je deviens consciente de mes yeux à travers lesquels maintenant je ne peux pas voir.
Donc, une fois que vous dites que cette main est là, la conscience (consciousness) est là. Cela, peut-on dire, c'est la connaissance de la main, vous prenez connaissance de la main. Mais une fois que vous n'êtes plus conscients de la main, cette connaissance est partie. Donc, parler d'ignorance ou de connaissance, les deux choses sont exactement les mêmes. Vous n'êtes pas conscients de votre main, donc vous êtes ignorants à ce sujet.
Supposons maintenant que quelqu'un dise: "Vos mains sont très belles", quelqu'un fait une remarque comme ça, alors je deviens consciente que ma main est belle. Sinon, je n'aurais jamais su qu'elles étaient belles.

Donc, normalement tous les êtres humains vivent à ce niveau où quelqu'un doit vous parler (pour que vous deveniez conscients d’une chose). Maintenant, quelqu'un dit: "Vous portez un très joli sari", d'accord. Alors je le regarde: "Oui, c'est très bien, je ne m’en étais pas rendu compte." Donc, quelqu'un doit vous le dire, puis vous devenez conscients, sinon vous ne l'êtes pas. Donc, nous tous les êtres humains, à ce niveau, sommes comme cela.

Maintenant, qu'est-ce que la perception (awareness)? C'est une chose différente. Cela signifie que si je vois quelqu'un m'attaquer, je mets ma main comme ça. Cela signifie que je perçois que j'ai une main - je n’en suis pas consciente mais je perçois que j'ai une main, que je dois l'utiliser. Comme ici, en Italie, vous continuez à utiliser vos mains en les levant tout le temps, comme ça. Cela signifie que vous savez, vous percevez que vous avez des mains, que vous devez les utiliser pour exprimer quelque chose de plus, une sorte d’emphase. Donc, nous percevons également notre corps, nous percevons les autres. Nous connaissons les autres, nous savons quel genre de personne est l'autre - jusqu'à ce que vous soyez Réalisés. »
Shri Mataji Nirmala Devi, Navaratri puja, Cabella, Italie, 20/10/1996

Voici un éclairage sur la différence qu'on peut faire entre "awareness" et "consciousness".
Shri Mataji dit: "vous devenez conscients lorsqu’on vous rend conscient." Il faut donc du recul, faire une pause par rapport au moment présent et diriger son attention volontairement sur quelque chose. La conscience est donc liée à l’attention et à la volonté de la diriger.

C’est en philosophie qu’on a depuis des siècles travaillé sur la notion de "awareness" de perception, Socrate, Aristote, Descartes, Kant, pour ne citer qu’eux, et c’est là qu’on découvre que la "perception" est de nature différente de la "conscience".
1) "Conscience/consciousness": telle qu’on l’entend en français, la conscience est le sens du bien et du mal gouvernant les pensées et les actes d'un individu, la voix intérieur qui juge nos actes. (Du latin conscientia). C’est un processus voulu.
2) "Percepion/awareness": en opposition, la perception est un état de connaissance du monde extérieur sans processus de réflexion mentale même si la mémoire sensorielle organise toujours les sensations.
La perception est un processus physique, mais elle a en même temps une dimension consciente et phénoménologique: c'est un fait naturel et une perception pour un sujet;
- Les perceptions et leurs causes immédiates sont internes (elles ont lieux dans notre corps, dans notre cerveau) et leurs contenus nous apparaissent pourtant à l'extérieur.
- La perception est une réception passive, et cependant il y a également une activité interprétative du sujet liée à la mémoire.
Donc la perception commence avec un processus physique qui cause en nous une représentation ou image (une sensation); le sujet interprète ensuite ses sensations comme des qualités ou des propriétés situées dans le monde extérieur. C’est bien le sens que Shri Mataji donne au mot "awareness".

Les Sahaja Yogis ne sont pas habitués à cette traduction de "awareness" par "perception" pour différencier les stades différents de conscience. Mais si Shri Mataji elle-même peut utiliser l'un pour 'autre, une différence "conscience/perception" est nécessaire quand, dans un même texte, on a "awareness" et "consciousness" ce qui est le cas ici.
La perception "awareness" commune aux Yogis, après la Réalisation, est de nature différente: elle intègre les informations du système nerveux autonome sans passer par la pensée et perçoit la collectivité. Remarque: les sensations internes comme le bien-être, la paix, la joie… sont appelées subjectives par Shri Mataji (en rapport avec le concept de la perception selon Kant).

C’est la Réalisation du Soi qui permet le processus d’évolution, qui permet d’accéder à la connaissance et que l’on développe en "thoughless awareness" ou nirvichara samadhi, traduit par "conscience sans pensée" puis en "doubtess awareness" ou nirvikalpa samadhi traduit par "conscience sans doute". 

Le terme de "conscience" traduction de "consciousness" est donc lié à un recul par rapport à l’immédiateté. Il est connoté de morale et ne peut donc pas traduire systématiquement l’état de "nirvichara samadhi". De plus, la conscience est une dimension presque exclusive de l’être humain car la plupart des animaux n’ont pas de conscience mais bien une perception du monde, "awareness" c'est-à-dire une mémoire des sensations qu’ils ont intégrée, car ils ont un savoir subjectif du monde. Ils ont aussi un apprentissage au monde par ces sensations liées à l'expérience pratique qu'ils en ont.


Ce sujet très profond a passionné des générations de philosophes. Voici quelques passages qui montrent que la perception est une façon de ressentir le monde, hors de la réflexion mentale:
« Le problème de la perception a bien été au centre des préoccupations de la philosophie classique sur l’origine de la connaissance, comme en témoigne le très célèbre "problème de Molyneux" qui se présente ainsi: supposons qu’un aveugle de naissance auquel on a appris à distinguer par le toucher un cube et un globe du même métal et de taille équivalente, retrouve le sens de la vue. Saura-t-il distinguer par celui-ci seulement les deux objets qu’il distinguait par le toucher ? Il ne s’agit pas ici d’étudier les réponses qui ont été données à cette question, celle-ci ayant occupée les plus grands esprits de l’époque (de Locke à Diderot). On peut toutefois signaler que la réponse fut le plus souvent négative. Notons de plus que l’enjeu en était l’évaluation des pouvoirs du sens de la vue, souvent considérée comme sens primordial, par rapport aux autres sens. Citons enfin la pensée de Berkeley qui pousse à l’extrême les pouvoirs de la perception en affirmant que le monde extérieur n’est qu’une construction à partir des impressions sensibles. Une chose, ce n’est donc que la réunion, par l’intelligence, de diverses sensations sous un même nom. Ainsi écrit-il "être, c’est être perçu", de telle manière qu’il n’y a rien d’existant en dehors de ce qui est perçu (percipi). D’une certaine manière, la chaise sur laquelle je suis assis n’existe plus dès que j’ai quitté la pièce. Cette doctrine est appelée immatérialisme ». Pour nous, c’est la Maya.
« Kant sépare de manière radicale perception et entendement. La perception est ce qui procure une matière au concept de l’entendement, cette "union" formant l’objet sensible. La perception est ce qui représente la réalité extérieure et celle-ci n’est même donnée que dans la perception. Kant ajoute encore ceci que la perception est une sensation qui s’applique à un objet en général et non à un objet déterminé. En ce sens, le "jugement de perception" demeure purement subjectif ; il s’oppose au "jugement d’expérience" qui est soumis à des conditions de nécessité et d’universalité. Si la perception est subjective, il faut donc ne la considérer ni comme vraie ni comme fausse car c’est l’entendement qui seul est en mesure d’émettre un jugement qui aura une valeur de vérité. Lorsque nous parlons d’illusion ou d’apparence on se réfère donc non aux perceptions mais aux méprises de l’entendement qui fait l’erreur de prendre le mode subjectif de représentation, la perception, pour un mode objectif »

Publié par dictionnaire Sahaja Yoga

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