Savitri, l'histoire d'une épouse héroïque


« La princesse Savitri était l’unique enfant du roi Ashwapati. Elle fut choyée et élevée dans un luxe royal tout en recevant une bonne éducation. Elle faisait preuve de beaucoup de sagesse et de compassion, c’est pourquoi le peuple l’aimait énormément. Un jour, alors qu’elle était en âge de se marier, son père lui demanda de partir pour un long voyage, dans le but de se choisir un mari qui lui plairait, car il avait une confiance absolue en sa fille et savait qu’elle ferait le bon choix. La princesse était très attirée par les lieux de pèlerinage et les ermitages des saints et elle choisit d’aller visiter ces endroits-là en priorité.
En chemin, alors qu’elle voyageait à travers la forêt, elle aperçut un beau jeune homme qui portait une hache et un fagot de bois. Son cœur s’emballa à la vue de cet étranger et elle sut tout de suite qu’il était l’élu de son cœur. Or, ce jeune homme n’était autre que le prince Satyavan, le fils du roi Dyamatsena.
Il y a bien longtemps, le roi Dyamatsena avait régné sur le pays de Shalwa. Par malchance, il était devenu aveugle et ses ennemis avaient utilisé la situation pour s’emparer du trône. Le roi, sa femme dévouée et leur fils Satyavan, s’étaient retirés en ermites dans la forêt où ils pratiquaient des austérités et s’adonnaient à la méditation. Satyavan avait grandi dans cette tradition et dans le respect de ses parents. Tous les jours, il allait ramasser du bois dans la forêt et s’occupait de ses vieux parents.
De retour au palais, Savitri informa son père avec joie qu’elle avait trouvé un bon mari. Mais quand le conseiller du roi, le sage Narada, entendit le nom de l’élu de la princesse, il implora au roi de ne pas célébrer le mariage. Car même si le jeune homme Satyavan était très sage, courageux, et paré de toutes les vertus royales, il était voué à un triste sort : en effet, dans un an, jour pour jour, il allait mourir.
Savitri, en apprenant la nouvelle, fut bouleversée et se mit à trembler. Son père, lui aussi ébranlé, retira son consentement et la supplia de choisir un autre mari. Mais l’âme de Savitri avait reconnu en Satyavan son âme sœur. Elle ne voulait pas se marier à quelqu’un d’autre.

Devant l’assemblée de la cour du roi, Savitri montra une profonde dignité et une grande maturité en disant : « Que la vie d’une personne soit longue ou courte, riche ou pauvre, l’âme d’une jeune fille ne choisit qu’une seule fois. Elle ne peut pas donner son cœur à quelqu’un d’autre ». La force et la sincérité des paroles de Savitri forcèrent l’admiration de tous et le sage conseiller du roi ne put que lui accorder ses bénédictions. Le mariage fut donc célébré et le couple partit vivre dans l’ermitage de la forêt du jeune prince Satyavan.

Au cœur de la forêt, Savitri coulait des jours heureux avec son mari et servait tendrement ses beaux-parents assez âgés. Elle aimait tendrement son mari et prenait soin de ses moindres besoins. Les paroles sombres du sage Narada pesaient d’un lourd poids sur ses épaules. Elle gardait ce secret enfoui au fond d’elle mais commençait à compter les jours. Elle priait avec ferveur pour son mari à chaque fois qu’elle le pouvait. Quand l’aube du jour fatal arriva, Savitri décida d’être sur le qui-vive : elle alla prendre poliment congé de ses beaux-parents afin de pouvoir agir librement. Ceux-ci lui dirent : « Puisses-tu ne jamais devenir veuve ». Or, on dit que les paroles venant de personnes pieuses et sages finissent toujours par se produire. Ces mots-là galvanisèrent Savitri et lui donnèrent une force indéfectible.

Satyavan, ne se doutant de rien, était ravi d’avoir Savitri à ses côtés pour la journée. Ils chérirent ensemble chaque moment de joie offert par la forêt : les jeunes pousses du printemps, les délicates fleurs, le doux chant des oiseaux. Ils s’assirent pour se reposer un peu sous un banyan, puis Satyavan alla chercher quelques baies sucrées pour son épouse. Soudain, il revint vers elle en transpirant abondamment et en se plaignant d’un terrible engourdissement. Savitri savait que l’heure fatale était arrivée. Elle posa la tête de Satyavan sur ses genoux. Elle ferma les yeux et commença à prier en silence la Mère de l’univers, la Déesse Mère qui écoute toujours la voix de ses dévots.

A un moment donné, Savitri sentit que quelque chose tirait Satyavan. Elle ouvrit les yeux : Yama, le dieu de la mort, se tenait en personne devant eux. Savitri se prosterna respectueusement devant lui. Yama lui dit que le séjour sur terre de la noble âme de Satyavan était terminé et qu’il était venu pour l’emporter. De sa corde, Yama tira l’âme de Satyavan puis il se mit en chemin. Savitri commença à le suivre. Après plusieurs heures d’une longue et difficile marche, Yama se rendit compte que quelqu’un le suivait:
- Pourquoi me suis-tu ? Retourne d’où tu viens et accomplis les rites mortuaires pour le corps de ton mari!
- Je dois aller là où mon mari va, répondit Savitri, c’est mon devoir.
- Mais ton mari est mort!
- O Yama, tu pourrais m’aider.
- Pourquoi devrais-je t’aider?
- Un dicton dit que lorsqu’on fait sept pas ensemble, on devient des amis. Je marche à vos côtés depuis bien plus longtemps.
Yama, étonné de tant de courage, décida de lui accorder un vœu, sauf celui de redonner la vie à son mari. Savitri pensa alors à son beau-père aveugle qui souffrait loin de tous dans la forêt, et elle lui demanda de rétablir sa vue. Yama accorda avec joie la vue au vieil homme.

Cependant, Savitri continuait à le suivre. Yama lui demanda encore de s’en aller mais Savitri répliqua:
- Je suis mariée à la vie à la mort avec Satyavan.
- Mais tu dois t’occuper de son corps qui est resté dans la forêt.
- A quoi bon s’occuper d’un corps quand l’âme s’est envolée. Je ne suis pas fatiguée de vous suivre, ma destination est là où vous l’emmenez.

Yama fut si heureux de sa sincérité et de sa dévotion qu’il lui offrit de faire un autre vœu. Les pensées de Savitri, une fois encore, se tournèrent vers ses beaux-parents :
- Qui s’occupera d’eux dans leur vieillesse ? demanda-t-elle. Puis elle pria pour la restauration du royaume de son beau-père et Yama lui accorda aussi ce vœu-là.

Mais Yama n’arrivait toujours pas à se débarrasser de Savitri qui continuait à le suivre pas à pas. Il était très impressionné par son désintéressement et par sa compassion à l’égard de ses beaux-parents. Comme elle n’avait rien demandé pour elle-même, il lui dit:
- Fais un troisième vœu, mais pour toi-même cette fois-ci.
- Permettez-moi d’avoir de merveilleux enfants qui répandront la gloire de leur Père.
- Que ton vœu soit exaucé, dit Yama et il reprit son chemin.

Après quelques pas, Yama jeta un coup d’œil en arrière pour voir si Savitri s’en était retournée, mais elle restait là sans bouger!
- Pourquoi n’es-tu pas repartie dans ton monde ? demanda-t-il un peu énervé.
- Ô Yama, dit très humblement Savitri, vous m’avez bénie du vœu d’avoir de valeureux enfants, mais comment puis-je avoir ces enfants si mon mari n’est plus à mes côtés?
Yama, sentant qu’il s’était fait berner, ne put retenir son admiration devant une telle intelligence et une telle dévotion.
- Ta ferveur est récompensée Savitri, je te rends ton mari. Et il décida de rendre la vie à Satyavan.
Savitri, folle de joie, courut vers son mari allongé sur le sol. Satyavan ouvrit les yeux, persuadé d’avoir fait un mauvais rêve. Ils s’en retournèrent tous deux vers la hutte de leurs parents où les attendaient une troupe de cavaliers armés. En effet, les ennemis du vieux roi avaient été vaincus et ils revenaient chercher le roi légitime pour le remettre enfin sur son trône. Savitri était entrée dans une famille pauvre et maintenant ses enfants seraient des princes et des princesses, tout comme l’avait promis le dieu Yama. »

Note:
L'histoire de Savitri appartient à la grande épopée du Mahabharata. C’est l'une des nombreuses histoires que le sage Markandeya raconte aux 5 frères Pandavas, pendant leurs longues journées d’exil.  

L'aîné des frères, Yudhishthira, est attristé de voir Draupadi supporter toutes les épreuves de cette vie difficile et de constater que son dévouement ne lui apporte que souffrance. 
Markandeya, pour lui remonter le moral, lui explique que les femmes dignes et pures sont capables d’endurer beaucoup de souffrances par amour et finissent toujours par être récompensées pour leur bonté d’âme et leur ténacité.
La dévotion indéfectible de Savitri pour son mari en est un bel exemple, elle finit par porter bonheur à tout le monde. Car c'est la pureté de son amour qui vient à bout du dieu de la mort, Yama, et finit par libérer Satyavan de ses griffes.


Yogi Mahajan a immortalisé nombre de ces femmes d'exception dans un livre intitulé "Great women of India" publié une première fois en 1991, puis réédité en 2014. On peut l'acheter en ligne sur beaucoup de liens de 5 euros à 15 euros.
Il a écrit une courte histoire sur Savitri dont nous nous sommes  inspirés ainsi que sur celles venant d'autres sites internet car c'est une histoire légendaire de la culture indienne.
Yogi Mahajan est aussi l'auteur de nombreux autres livres: https://www.amazon.co.uk/Yogi-Mahajan/e/B001ICJCJO/ref=ntt_dp_epwbk_0
Les images viennent de wikipedia: https://en.wikipedia.org/wiki/Savitri_and_Satyavan
Publié par dictionnaire sahaja yoga

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le Kavach de la Déesse ou Devi Kavach

Comment faire le bandhan de l'amour?

Hanuman Chalisa par Arun Apte