Le curieux paradoxe de la conscience sans pensée

« Au printemps de l’année 2007, à l'occasion d'un puja à Cabella, mon épouse a été sollicitée pour préparer la cuisine pour Shri Mataji à Cabella.
Quelques jours après le puja, Shri Mataji a réuni les dames pour les remercier et pour prendre de leurs nouvelles.
En fin d'après midi, Shri Mataji a demandé à mon épouse de lui masser les pieds. Elle souffrait déjà de douleur aux genoux mais elle n'en a rien dit à Shri Mataji. Avec dévouement elle lui a massé les pieds pendant plus d'une demi heure, les genoux posés sur le sol. Elle ne ressentait plus ses mains (ni la douleur) tant il y avait de vibrations...
Or, ce jour là, au même moment, j'étais en France au bureau. J'ignorais ce qui se passait alors. Devant mon ordinateur je terminais la rédaction d'un document. Et puis soudain, j'ai ressenti "quelque chose" d’inhabituel m'envahir tout le haut du corps. J’ai redressé légèrement la tête vers le haut et j'ai ressenti des vagues successives de "vibrations" descendre vers moi. Une vague, puis une autre, et encore une autre ....
Sur le moment j'ai ressenti comme un mélange de sentiments diffus que je ne pouvais appréhender. C'était au-delà des sens: comme l'amour d'une mère, la bienveillance d'un père, la joie d'une retrouvaille, la joie d'un enfant, la somme de tous mes petits bonheurs réunis en cet unique instant. Tout allait de soi, comme si c’était habituel, c'était quelque chose dont finalement je connaissais étrangement la nature. Ce jour là, franchement je n'ai pas pu travailler. J'ai quitté plus tôt mon travail. J'en ai profité pour me rendre à la lisière d'une forêt pour marcher un peu.

Depuis, je n’ai pas réussi à remonter le fils précis des événements ni les sensations exactes, mais c'était tout simplement féerique. Il y a avait comme quelque chose de pétillant et brillant, d’intensément rayonnant dans l'air qui émanait de cette forêt, des arbres, de la nature qui m'a transpercé. Une fois rentré à la maison, les enfants se sont demandé si j'étais réellement dans mon état normal car je souriais sans cesse. De même au travail, mes collègues m’ont demandé à plusieurs reprise si tout allait bien: alors quelques fois, j’ai froncé les sourcils, histoire de paraître plus normal et cela m'a plutôt amusé. En tout cas, cette Grâce (je ne vois pas d'autre mot) m'a progressivement rempli de l'intérieur. Elle a empli un vide et étanché la soif de toute une vie en un seul instant...
J'étais comme enivré, sevré.
Je suis resté dans cet état de joie et de conscience sans pensée durant les deux semaines suivantes. Les vibrations sortaient comme un souffle très fort sans discontinuité de mes coudes, de mes genoux, de ma tête, nuit et jour. Au niveau du Sahasrara, c'était comme avoir un ventilateur en permanence au dessus de la tête. L'ivresse était indescriptible. Je dormais très peu, tout au plus 4h par nuit.

En 2011, une semaine après le décès de Shri Mataji, cela a été la troisième et la plus belle de mes expériences et de nouveau cela a duré 2 semaines. Cela a commencé par un rêve : dans mon rêve Shri Mataji m'a donné quelque chose à manger, quelque chose qu'elle était en train de préparer. Elle a tendu sa main et a placé l'aliment dans ma bouche puis je ne me souviens plus de rien...
Un ou deux jours après, un matin, à mon réveil, assis sur mon lit, j'ai mis quelques minutes à réaliser que quelque chose d'unique venait de ce produire: je ne percevais plus ma tête, comme si elle était coupée en deux. Mon champ de "conscience" ou le point de perception de ma conscience n'était plus au niveau de mon cerveau mais bien, bien au dessus du Sahasrara. Il n’occupait plus ma boite crânienne mais un champs plus vaste et libre.
Je ne pouvais plus penser, plus de mental, comme si mon cerveau n'existait plus. Et là, j’ai réalisé que j’étais en état de témoin, en silence et dans la joie. Le "je" n'existait plus. Tout ce qui faisait mon identité s'était évaporé. C'était une incroyable perception que d'exister bien au delà de l’ego et du superego, d’avoir une telle légèreté, une telle liberté !!!.
Cette perception était réellement tangible, c'était comme d'être assis sur deux rochers en même temps. Mon attention semblait lestée d'un tel poids, tel un ballon qui s'élève dans l'air! Elle n'était plus prisonnière de mes pensées, d’attachements, de désirs....
Entreprendre les actions de la vie quotidienne, comme acheter une paire de chaussette ne pouvait se faire qu'en toute spontanéité. Le raisonnement, la critique, le "je préfère ceci ou cela" était impossible car il n'y avait plus de mécanisme mental pour cela…. Aucune pensée ne pouvait apparaître. Mais où était passé le cerveau ou, devrais-je dire, le mental, l'intellect? Qui était le pilote, l’observateur? Je ne ressentais aucun doute, ni interrogation sur le moment, j'étais dans une totale et pleine confiance intérieure. Aucune tentative d'analyse et de compréhension intellectuelle n'émergeait. L’expérience était tellement ancrée dans le présent, comme un bateau qui lâcherait son ancre sur un lac sans vagues. Le futur immédiat m'effleurait à peine. Une lumière diffuse et chaleureuse, une clarté pénétrante comme la limpidité de l'eau d'une rivière, que je pouvais pas situer, éclairait ou illuminait tout mon champs de perception, ma tête, ma conscience, même en plein jour.
Il est impossible de faire entrer ces sensations dans des mots - ma conscience, mon attention, la joie que je ressentais, étaient alors comme focalisées en un SEUL point au dessus du Sahasrara. En même temps j’avais le sentiment d'être en expansion à partir de ce même point- curieux paradoxe.....
Continuellement, à chaque pas, chaque mots, comme un puissant aimant, je demeurais en l'état de témoin, comme si je m'observais continuellement avec persistance, mais avec une telle intensité! Le JE me semblait une évidence. Cet état de témoin s'imposait à moi comme l'unique vérité : ma raison d'être était d’exister. Je n’attendais rien de l'extérieur. Être conscient d’être l'observateur, était en soi une grande joie et était suffisant.
Partout ou j'allais, j’avais cette joie. Je ressentais l'intensité de chaque moment. Rien à projeter vers l'extérieur, rien à attendre, rien à saisir. Il n'y avait que de l'abandon à cet espace totalement exempt d’ego.
La perception du corps était ...en retrait. Je n'étais plus identifié au corps, aux sensations, aux stimulis externes. Comme un cavalier sur son cheval, comme une toupie en équilibre qui tourne sur elle-même, toute mon attention était là dans un axe de gravité. Elle y était maintenue avec une telle force, une telle présence! Mon cerveau...de là ou il était censé être, emportait comme un feux d’artifice permanent de vibrations, comme si un village entier s'était rassemblé dans ma tête dont je ne percevais que la joie des festivités, dans le silence.
Régulièrement je passais ma main sur mon visage croyant qu'il était mouillé tant les vibrations coulaient et pétillaient du Saharara vers mon visage sous forme de gouttelettes. Une fraîcheur incomparable régnait dans ma poitrine. Il y a avait une telle énergie, une telle vitalité en moi, que lorsque je marchais j’avais le sentiment d'être littéralement porté en avant à chaque pas et soutenu par l'énergie et la présence de tout un groupe de personnes. …

Après deux semaines, cet état a pris fin en quelques jours. Mais il m'a fallu plus d'un an pour essayer de mettre en mots à cette expérience, pour l’assimiler et l’intégrer. Cependant, cette dernière expérience a produit, une percée, un basculement significatif et je le ressens en toute confiance. La kundalini par exemple, s’établit instantanément au Sahasrara, avant même que j'y mettre l'attention.»  D’après le témoignage de José. 

« La méditation doit être continue comme un cours d'eau. Si elle est ininterrompue elle est appelé Samadhi. On doit méditer jusqu'à se fondre dans l'état de conscience .»
Ramana Maharshi  
Publié par dictionnaire sahaja yoga

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