La célébration de la grande Déesse, la promesse de retour


Nous voici donc au onzième chant, où les Dieux eux-mêmes viennent louer la supériorité de la Déesse sur toutes les autres divinités et implorer son soutien:

Oui, Tu protèges l’univers
Et règnes sur le monde,
Âme de toutes choses,
C’est bien sur toi que tout repose!
Shiva même te vénéra
Et ceux qui devant toi s’inclinent
Se font les serviteurs de tous
11- 34
Fais grâce à ceux qui se prosternent
Toi qui emportes la souffrance !
Tous les vivants de l’univers
Doivent te faire offrande :
Accorde-leur ce qu’ils demandent !
D'après le 11-36
Cette prière convient à la déesse qui promet d’accepter n’importe quel vœu que ses dévots lui formuleront. Les Dieux n’en attendent pas davantage et lui demandent ce qui semble le plus important pour des mortels, « apaise nos souffrance » et vital pour des Dieux « anéantis les forces de nos ennemis. »
D'après le 11-40
La Déesse promet d’intervenir à chaque fois que le Mal représenté par les Asuras menacera le monde. Elle leur apprend que dans l’avenir, plusieurs démons qu’Elle a déjà anéantis, renaîtront dans le monde, et qu’à de multiples occasions, Elle sera de nouveau prête à les combattre.

11-41
Lorsque viendra l’âge
Dans le cycle de Vivasvant
Les grands Asuras renaîtront:
Shumbha et Nishumbha.
11- 42
Alors je renaîtrai,
De Yeshoda, chez le berger Nanda,
Je vivrai dans les monts Vindhya
Et je tuerai ces deux démons.
11- 43
Une autre fois, lorsque viendra
(Le démon) de la Sécheresse de cent ans
Cédant à l’appel de mes ascètes,
Je reviendrai, sans m’incarner,
11- 47
Ainsi je soutiendrai le monde,
Donnant à manger des légumes
Nés spontanément de mon corps
Afin de maintenir la vie
Jusqu’à ce que vienne la pluie.
Et mes dévots m’appelleront la Potagère.
11- 49
Une autre fois encore, lorsque l’Asura Aruna
Fera régner une grande misère
En persécutant les trois mondes,
J’apparaîtrai tel un essaim d’abeilles
11- 53
Et je tuerai cet Asura
Pour le bien des trois mondes
Et tous dans l’univers m’acclameront
Comme étant la reine Abeille !

Au douzième chant la Déesse explique aux dieux comment la vénérer dignement, le plus important étant de lire et de réciter le Devi Mahatmya. Tous ses dévots seront préservés des malheurs de la vie s’ils la vénèrent comme il se doit:
12-1
Celui qui constamment
Me louera en chantant ces hymnes,
Me verra le protéger toujours
Le préservant de tous malheurs.
12-2
Et ceux qui chanteront
La mise à mort de Madhu et kaïtabha,
Shumbha et Nishumbha, et du Buffle
Seront préservés de la sorte
12-3
Ainsi que les dévots
Qui entendent chanter la geste
De mes exploits
Durant les nuits prévues pour la célébration.
12-4
Que ce soit pour faire l’offrande ou célébrer la puja
Pour les rites du feu ou lors des fêtes solennelles
Il faudra dire cette geste
Et l’écouter avec dévotion
12-10
Et que l’on soit expert ou non
Quand on fera l’offrande ou la puja
J’accueillerai avec amour
L’hommage de la dévotion.
12-11
En automne, il faudra
Célébrer chaque année
Une grande puja
Où l’on récitera cette geste.
12-12
Ainsi parla la souveraine
Chandika la vaillante
Elle parla puis soudain disparut
Alors que les Dieux s’attardaient à la contempler.
12-31
Les dieux sont délivrés de la peur d’être une nouvelle fois vaincus: ils peuvent de nouveau manger les offrandes de leur dévots et reprendre leur fonction.
12-32
Shumbha et Nishumbha, dont le poète salue encore la bravoure et la vaillance, reprennent aussi leur place aux Enfer.
12-33
Ils ne sont donc pas anéantis définitivement, ils ne sont qu’anéantis dans leurs facultés de nuire sur terre et dans les cieux.


Stuta sampujita puspair
Dhupa gandhaadabhis tatha,
Dadati vittam putrams ca
Matim dharme gatim shubham.

Louée, vénérée, rituellement (puja) avec des fleurs,
De l’encens, des parfums et tout ce que requiert la puja,
Elle impartit la richesse, à ses fils
Par elle on a l’esprit fixé sur le dharma
Et l’on gagne le bonheur.
12-39
Ainsi nous sont données les clés du bonheur: il faut vénérer la Déesse par des pujas (offrandes de fleurs, encens, parfum). Et grâce à Elle, on pourra suivre le dharma, ce qui nous conduira au bonheur. Donc être capable d’adopter une conduite juste et équilibrée est aussi une conséquence directe des bénédictions de la Déesse.

Un résumé du treizième chant:
Voilà un exemple concret de ce qu’un homme peut obtenir de la Déesse. Le treizième chant reprend la structure de la geste: Markadeya revient en scène pour convaincre les deux personnages, le roi Suratha et le marchand Samadhi, de vénérer la Déesse. Tous deux créent une statue d’argile et lui offrent des pujas pendant trois ans. La déesse Chandika est satisfaite de leur dévotion et les récompense: le roi demande un royaume infaillible et il se réincarnera en fils du Dieu Vivasvant (le Dieu Soleil). Le simple marchand, plus détaché "des biens de ce monde" (selon le 13-17) demande la connaissance: il recevra la Réalisation du Soi.

Ici s’achève le Devi Mahatmya.
Remarques:
On peut être étonné du retour annoncé des démons après qu’ils aient été anéantis. C’est leur corps qui a été tué, leur faculté de s’incarner sur Terre, et non pas la nature démoniaque de leur être. Ainsi, il est écrit que Shumbha et Nishumbha "renaîtront" et non pas se réincarneront. Le mal peut exister en tant qu’être collectif à un niveau subtil. Ces démons peuvent revenir sur Terre en tant que mouvance religieuse, groupement d’idéaux. Ils peuvent être la source d’inspiration de chefs ou de gourous qui n’aspirent qu’à « manger les offrandes des Dieux », c'est-à-dire qui attirent les dévots non pas pour leur donner la libération à l’instar de la Déesse, mais pour les assujettir à leur domination.
De même, si une âme Réalisée n’est pas totalement parfaite en elle-même, l’ensemble des êtres Réalisés forme un corps vibratoire qui unit les qualités de ses constituants. Ce collectif a une puissance et représente un être subtil en lui-même, qui est à l’opposé du collectif démoniaque. Mais la frontière peut paraître mince et subtile entre ces Asuras et les Dieux.

La Déesse est "l’âme de toutes choses", elle peut passer de l’infiniment grand à l’infiniment petit pour résider dans les atomes d’une pierre, par exemple. Elle est donc cette énergie qui se trouve à la base de la cohésion des atomes d’une cellule. C’est pourquoi Elle peut ainsi occuper chaque chose et en même temps soutenir l’univers. Cela ressemble à la description de la vibration primordiale, le Aum ou Pranava que chantait Brahma dès le premier chant (1-73 à 76). La Déesse est à la fois la créatrice du monde et l’objet créé, car elle est l’essence de ce monde:
Lors de la Création,
Tu prends la forme créatrice ;
Et quand il faut garder le monde,
Ta forme est celle de la vie.
Quand vient la fin
On te voit comme destruction,
Et pourtant tu t’identifies à l’univers!
1-76
D’après La célébration de la grande Déesse ou Devi Mahatmya,
Traduit du Sanscrit par Jean Varenne
Ed. Les belles lettres
Publié par dictionnaire sahaja yoga

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