VI La célébration de la grande Déesse, naissance et bataille des Shaktis


Voyant ses valeureux guerriers Chanda et Munda anéantis, le "prestigieux Shumbha" décide d’engager le combat avec toutes ses troupes de démons, ses Asuras. C’est une armée très impressionnante de plusieurs milliers de puissants corps de troupes très bien armés. (8-9)Très vite, la Déesse - appelée tantôt Ambika, tantôt Chandika (8-10), car Chandika fait partie d’Ambika - accompagnée de Kali et de leur lion, se retrouve en difficulté: Elles sont toutes encerclées par la multitude d’Asuras.(8-13)

estaminn antare bhu-pa
vinasaya sura-dvisham
bhavana amara-simhanam
atirviryabala- anvitah

A ce moment cependant,
Afin d’aider à la destruction
Des ennemis des Dieux
Et pour assurer la protection des Dieux
8-14

Brahma Isa Guha Vishnunam
tatha Indrasya ca shaktayab
sarirebhyo vinishkramya
tadrupais Chandikam yayub

Voici que du corps de Brahma, Shiva (Isa) Guha, Vishnou,
Et d’Indra, des énergies (Shaktis)
Pourvues de force et de vigueur
Viennent auprès de Chandika, revêtues des formes diverses des Dieux dont Elles émanaient
8-15

Du corps de sept Dieux émergent sept Shaktis qui vont maintenant prêter main forte aux deux Déesses, chacune avec ses armes et ses attributs:
- De l’énergie de Brahma émane Brahmani, dont le véhicule est un char d’oiseaux migrateurs, ses armes sont le rosaire et le pot à ablutions. (8-17)
- De l’énergie de Shiva en tant que Maheshvara, naît Maheshvari, montant un taureau, armée d’un trident, avec un bracelet de serpent et un croissant de Lune. (8-18)
- De Kumara nait Kumari, qui en fait est Ambika en tant qu’Energie sortie de Gruha. Elle se tient sur un paon et porte une lance. (8-19)
- De Vishnou émerge Vaishnavi, portée par l’aigle Garuda, armée d’une conque, d’un disque, d’une masse, d’un arc et d’un glaive. (Les Déesses possèdent plusieurs bras et plusieurs mains). (8-20).
- De Vishnou ou Hari, sous sa forme du Sanglier Vahara, naît Varahi. (8-21)
- De Vishnou ou Hari, sous sa forme d’Homme-Lion Narasimha, provient Narasimhi, qui "ébranle les étoiles du firmament en secouant sa crinière" (8-22)
- De l’énergie d’Indra émerge Aindri, chevauchant un éléphant, portant en main la foudre et scrutant le champ de bataille de ses mille yeux. (8-23)

Tatah parivrtas tablir
Isano deva shaktibhih
Hanyantam asurah shighram
Mama pritya aha Chandikam.

Le seigneur Shiva (Isha) s’avança alors
Entouré de toutes ces énergies divines
"Veuillez ma Dame, mettre à mort ces Asuras, au plus vite",
dit-il à Chandika.
8-24

En fait, Shiva s’adresse à la déesse Ambika qui porte en Elle l’un de ses aspects guerriers les plus meurtriers. En entendant les propos de Shiva, Chandika sort de son corps et se transfrome en cette "terrible Chandika qui hurlait comme cent chacals". Les plus grands des Dieux sont donc encore dépendants de la Déesse, c’est une preuve de sa supériorité sur eux. Pour illustrer encore plus sa domination, Chandika répond au grand Shiva qu’il doit être son messager auprès des démons Shumbha et Nishumbha. La Déesse obtient encore un nouveau nom, "Shiva Duti", "celle dont Shiva est le messager". (8-33)
Dans sa grandeur, Elle leur laisse encore une dernière chance: s’ils rendent à Indra son royaume des trois mondes, s’ils cessent de voler ses offrandes et de les manger, et acceptent de retourner en Enfer qui est leur vrai place, ils auront la vie sauve. (8-30)
Bien sûr, dans leur orgueil, les démons choisissent le combat et la bataille fait rage (8-35).
Toutes les Déesses entrent en action et se battent avec fureur, Elles qui sont appelées les sept Mères (8-44).
Le combat est tel que bientôt l’armée des Asuras est en déroute. Voyant cela, un grand démon Raktabija décide de prendre la tête des opérations. Il a une arme secrète: dès qu’une goutte de son sang touche le sol, un autre lui-même naît instantanément. Bientôt l’univers entier est rempli de tous ses clones, et les Déesses ne savent plus comment le tuer!
8-46 à 8-57

Les Dieux, face à ce terrible spectacle, commencent à être envahis d’une grande frayeur.
tan vishannan suran dristva Cahndika parhasat tvara, uvac Kalim.
Chamunde vishtirnam vadanam kuru.

Voyant leur désarroi, Chandika éclate de rire et dit à Kali: "Chamunda, ouvre ta bouche toute grande!"
8-58; 8-59; 8-60

mac-chastra-pata-sambhutan
rakta-bindun maha-asuran
rakta-bindoh praticcha tvam
vaktrena anena vegina.

"Et avale au plus vite de ta bouche grande ouverte,
Tous ces Asuras nés du sang qui s’échappe des blessures que mes armes lui ont porté
Et avale aussi le sang lui-même
Au fur et à mesure qu’il s'écoule."
8-61

bhakshayani cara rane
tad-utpannan maha-asuran
evam esha kshayam daityah
khina-rakto gamishyati.

"Parcours le champ de bataille
Et dévore tous les démons qui viennent de naître de ce grand Asura
Ainsi lorsque son sang sera tari
Il mourra certainement."
8-62

Chandika se saisit alors de son trident et frappe Raktabija. Kali boit le sang qui s’écoule de la blessure. Mais le démon se bat encore et Kali doit le suivre dans le combat pour boire son sang jusqu’à la dernière goutte (8-67).
Finalement, c’est la mort de ce terrible démon. (8-70)
Les Dieux se réjouirent,
Les rois et les Mères,
Nées de leur corps
Dansèrent ivres de sang.
8-71

Shumbha et Nishumbha entrent à leur tour dans le combat (9-5). Les sept Déesses, les sept Mères, continuent de prêter main forte et bientôt, c’est le terrible et courageux démon Nishumbha qui est à terre. (9-17)Chandika lui perce le cœur de son trident. A ce moment-là, un homme très puissant sort de son cœur mais, en éclatant de rire, Chandika lui tranche définitivement la tête.

Le neuvième chant s’arrête sur une déroute totale de l’ennemi dont la fin est proche. Il reste encore à neutraliser Shumbha. Tout au long de ce combat, Chandika n’a cessé de rire et de considérer ces batailles comme des jeux, alors que l’issue était toujours fatale. Quel artifice Shumbha pourrait-il essayer de tenter pour vaincre la Déesse?


La fin du Malin

Shumbha vient de perdre son frère qu’il aimait autant que sa propre vie, son armée est en déroute, il laisse exprimer sa fureur et provoque la Déesse:
Il est sans valeur l’orgueil que tu as de ta force
Durga! Ne manifeste pas d’arrogance ici,
Toi qui t’enivres de vanité au combat
Alors que tu te reposes sur la force des autres!
10-3
De quelles autres parles-tu? Où est ma seconde?
Je suis seule au monde!
Vois comme elles se résorbent en moi
Celles-ci qui ne sont que les manifestations de ma propre puissance.
10-6
A ces mots, toutes les Déesses se résorbent en un seul corps, celui d’Ambika
, qui se retrouve alors seule devant le démon.
Tu m’as vue telle que j’étais avec la multitude des formes
Que prend ma puissance
Mais je les ai résorbées.
Me voici seule! Et toi, sois ferme et combat!
10-10

Ainsi Shumbha joue sa dernière carte: peut-être qu’un combat seul à seul lui laissera l’opportunité de l’emporter sur la Déesse. Dieux et Asuras sont les témoins horrifiés de ce duel.
(10-11)
Mais le démon ne fait pas le poids, car il suffit à la Déesse d’un simple "Hum" pour détruire ses flèches. Très rapidement, ses armes sont détruites une à une. Il se retrouve à se jeter dans un corps à corps perdu à mains nues:
Et comme de ses flèches acérées
Elle brisa aussi son marteau
Shumbha se précipita sur elle
Décidé à la frapper de ses poings nus
10-21
Il lui porte un coup de poing mais la Déesse réplique et il se retrouve à terre pour la première fois. Au contact du sol, il retrouve toute sa force magique et arrive à entraîner Chandika dans le ciel.
10-24
Le combat se poursuit jusque dans l’espace, à la "surprise des Sages et des Parfaits qui peuplent ces régions". Puis Chandika précipite le démon sur la Terre, et de sa lance, lui assène le coup mortel. La terre, les mers, les montagnes, les continents même en sont ébranlés.
A cet instant précis où le malin meurt (dur-atman), l’univers tout entier retrouve son équilibre et les cieux brillent de nouveau d’une lumière immaculée.
10-30
Le vent, le Soleil, les rivières, les nuages, tous les éléments, tous les artistes célestes, les musiciens Gandharvas, et les danseurs divins, les Apsaras, expriment leur allégresse.

Jajvalus caagnayah shatah
Santa dig janita svanah.

Les feux sacrés flambèrent en signe de paix,
Cependant que se taisaient enfin les sons terribles dont l’espace s’était empli.
10-34

Le onzième chant s’ouvre sur le rassemblement des dieux qui sont guidés par Agni, avec comme chef Indra qui a repris ses fonctions. Ils rayonnent tous de joie et leur lumière "empli l’espace tout entier".
11-2
Ils chantent les louanges de la Déesse et reprennent un à un tous ses attributs en vénérant surtout Narayani:
Toutes tant qu’elles sont,
Les sciences
Sont des formes de toi, Déesse!
Toutes tant qu’elles sont,
Les femmes,
Sont aussi tes formes Déesse!
Si différentes soient-elles!
Toi seule emplis cet univers,
Amba,
Quel chant peut-on te dédier ,
A toi qui dépasses toute louange
Et qui es au-delà de toute parole?
11-7

Toi qui t’es établie
Dans le coeur de tous les êtres
Sous la forme de l’Intelligence ,
Et donnes à tous la joie du ciel,
Hommage à toi Narayani!
11-9
Tu es l’Énergie Éternelle
Par quoi tout l’univers
Se créé, existe et disparaît:
Sur toi les qualités se fondent
Et ne sont pas autres que toi;
Hommage à toi Narayani!
11-12

Toi qui te voues à protéger
Les affligés les malheureux,
Venus chercher refuge auprès de toi ;
Toi qui efface la douleur
Partout au monde:
Hommage à toi Narayani!
11-13
Ils saluent avec véhémence le courage, la force la beauté des Déesses qui n’en sont qu’une: Brahmani, Maheshvari, Kaumari, Vaishnavi, Varahi, Aindri, Shivaduti (celle dont le messager est Shiva), Chamunda (Kali renommée après avoir tué les démons Munda et Chanda), Lakshmi, Mahamaya, Sarasvati, Chandi, Ambika. Mais aussi sous les noms suivant: Humilité, Connaissance, Foi, Prospérité, Liturgie, Immuabilité, Sagesse, Choix, la Brune, la Sombre, le Destin.

Toi dont la forme est l’univers,
Toi qui règnes sur toutes choses,
Et assumes toute énergie,
Délivre-nous de nos angoisses!
Hommage à toi Durga, Devi!
11-25
Puisse ton visage lunaire,
Paré de ses trois yeux
Nous sauver de tous les démons!
Hommage à toi Katyayani!
11-26

Puisse ton terrible trident,
Flamboyant tueur d’Asuras,
Nous préserver de toutes peurs!
Hommage à toi Bhadra Kali!
11-27
Et qui d’autre que toi
Dans les Sciences, les Traités,
Dans les Paroles primordiales,
Grâce à quoi l’on voit le Réel,
Se révèle comme la Cause
De cet univers vacillant,
Perdu d’égoïsme illusoire,
Producteur d’aveugle ténèbre?
11-32

D’après le livre épuisé "La célébration de la grande Déesse ou Devi Mahatmya", traduit du sanscrit par Jean Varenne. Huitième chant. Ed. Les belles lettres
Publié par dictionnaire sahaja yoga

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