Vande Mataram, depuis et pour toujours


« Au début de l’année 1942, Gandhiji, constatant la futilité des négociations avec les britanniques, décida de lancer le mouvement “Quit India” (Quittez l’Inde). Il demanda à tous les membres du Congrès d’intensifier la non coopération et la désobéissance vis-à-vis de la loi britannique. A cette époque, mon père était procureur de la République, et sa première action fut de démissionner de ce poste.
Un drapeau britannique se trouvait au sommet de la Cour Suprême: en tant que digne partisan de Gandhiji, il grimpa sur le toit du bâtiment et détruisit le drapeau britannique.

Il nous demanda alors de tous entonner l’hymne "Vande Mataram", (dont le titre signifie “Je Vous salue, ô Mère Patrie”.

C’était un symbole politique de la résistance à l’occupant). Un soldat anglais lui tira dessus et l‘atteignit à la tempe. Il commença à saigner abondamment, mais néanmoins réussit à hisser notre drapeau tricolore. Il attendit qu’il flotte librement au vent pour ensuite entonner ‘Vande Mataram’ en saluant le drapeau. Les britanniques furent extrêmement perturbés par cet acte de désobéissance civile. Ce jour-là, mon père rentra tôt à la maison et annonça à ma mère qu’ils allaient recevoir la visite “d’invités” et qu’elle devrait préparer un Biryani (un plat de riz spécial). Ma mère savait très bien à quoi s’attendre quand son mari lui parla “d’invités”. En effet, il venait déjà de lui raconter que bien qu’on l’ait touché par balle à la tempe, les anglais ne tarderaient pas à venir l’arrêter.

Je me souviens de cet événement avec acuité: c’était un samedi. Comme à quinze heures, les “invités” n’étaient toujours pas arrivés, il demanda aux enfants d’aller voir un film au “Théâtre Palace”, auquel on pouvait se rendre à pied, (et qu’on appelle aujourd’hui Bharat Talkies). Moi, par contre j’étais resté à la maison car je n’aimais pas du tout l’obscurité de la salle de cinéma. A quinze heures trente, apparut un certain monsieur Mustaq Ahemad, ami de la famille et inspecteur de police, accompagné de deux assistants. Mon père le reçu à bras ouverts, comme à son habitude, et il pria ma mère de dresser le couvert. Entre temps, on m’envoya chercher mes frères et sœurs. Je me rendis alors au cinéma accompagné d’un domestique. J’y rencontrais le directeur pour lui demander d’afficher à l’écran le message suivant : “On est sur le point d’arrêter P.K. Salve. Ses enfants doivent rentrer immédiatement à la maison” Dès que le texte fut affiché, presque la salle se vida presque totalement et sortit à notre suite pour aller rendre hommage au futur détenu Salve. Quand les enfants furent rassemblés devant la maison, mon père vint nous voir et dit de ne pas pleurer mais de crier les mots de “Vande Mataram” (Je vous salue O Mère Patrie).

Cette chanson, qui avait été écrite par Bankin Chandra, devint notre hymne national même après la libération. Mais quelques dirigeants musulmans objectèrent qu’elle était écrite en sanscrit et qu’elle faisait l’éloge de la Mère patrie en la comparant à la Déesse Durga. Donc, qu’elle n’était pas représentative de toute la société indienne. C’est ainsi que cette chanson magnifique, qui coulait dans les veines de chaque indien ayant combattu pour la liberté, fut refusée en tant qu'hymne national par le gouvernement.
Ensuite mon père interrogea monsieur Mustaq Ahemad pour savoir s’il allait ou pas lui passer les menottes. Ce dernier était sans voix et ne pu que répondre: “Sahib Salve, vous arrêter de cette façon pèse lourdement sur ma conscience. S’il vous plait, n’ajoutez pas à ma honte en me demandant de vous menotter.” Mon père proposa alors à l’inspecteur de choisir de l’emmener dans notre propre voiture plutôt que dans son fourgon de police. Il lui répondit qu’il serait très honoré de l’accompagner au poste dans son véhicule. Une de nos voitures était une magnifique Chevrolet décapotable et mon père ordonna au chauffeur d’ouvrir le toit du cabriolet. Puis, il se plaça debout entre les deux assistants qui l’escortaient, assis de chaque côté, et cria à gorge déployée “Vande Mataram”. Dès que la voiture commença à rouler, la foule se mit en marche et l’accompagna sur une bonne distance. Ma mère ne pleura pas mais cria “Vande Mataram” avec des larmes plein les yeux. Voilà quelle est la dimension du patriotisme de mon père, et c’est pourquoi, nous tous frères et sœurs, et plus particulièrement Shri Mataji, éprouvâmes alors un immense sentiment de respect et d’estime pour notre père. »
Babamama, "Mes mémoires", chapitre 4, 2010
Photo: Les parents de Babamama et de Shri Mataji sont à gauche, Gandhiji et sa femme sont sur la droite
Publié par dictionnaire sahaja yoga

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